Nice et Barcelone – le regard tourné vers la mer

Trajectoires urbaines

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De Paris à Milan, en passant par Berlin, Lyon, Barcelone ou encore Düsseldorf, Covivio est présent depuis 20 ans au cœur des principales métropoles européennes. Quelles sont leurs différences ? Quels sont leurs points communs ? A quels enjeux devront-elles faire face dans les prochaines années ? Quelles sont leurs trajectoires urbaines ? Nous vous proposons, à travers une série de portraits croisés urbains, de partir à la découverte de ces villes dont Covivio et l’Europe constituent les dénominateurs communs.

Si Nice et Barcelone possèdent une position côtière au bord de la Méditerranée, elles semblent à première vue ne pas partager grand-chose de plus. L’une compte 350 000 habitants au sein de son agglomération et fait profiter les touristes de sa douceur de vivre depuis le XIXe siècle. L’autre, dont l’agglomération compte presque 5 millions d’habitants, est une métropole de rang international à l’économie dynamique. Si le tourisme est sa première source de revenus, son port joue aussi un rôle clé pour son économie, grâce au transport de passagers et au fret.

Nice, Barcelone, culture et tourisme en partage

À Nice comme à Barcelone, la culture vit et rayonne. On se rend à Barcelone pour déambuler dans les ruelles du Barrì Gottic, le quartier gothique de la ville, véritable labyrinthe dans lequel on peut encore trouver des bâtiments datant du Moyen-Âge. On grimpe jusqu’au parque Güell, on visite les célèbres villas de l’architecte emblématique de la ville, Antoni Gaudí et on déambule dans la fondation Miró ou le musée Picasso. À Nice, c’est surtout le carnaval qui fait briller la ville tous les ans au mois de mai, mais aussi des centres culturels et collections de premier plan, comme les musées Chagall ou Matisse. Le Vieux-Nice, hérité du tourisme de luxe du XIXe siècle, est d’ailleurs classé au patrimoine mondial de l’UNESCO, comme les bâtiments de Gaudí dans la capitale catalane.

Les deux villes sont des pôles touristiques majeurs en Europe. Les deux villes sont des pôles touristiques majeurs en Europe. En 2023, Barcelone accueillait 36,4 millions de nuitées pour 5 millions d’habitants et Nice plus de 6 millions. Au point d’ailleurs que leurs habitants commencent à souffrir de certains effets négatifs.

Surtourisme : quand les habitants s’alarment

Dans le Vieux Nice, les rues résonnent tous les week-ends du bruit des roues des valises de touristes, qui filent rejoindre leur Airbnb. La mairie tente depuis 2017 d’imposer des garde-fous à ce marché en forte expansion en mettant en place des quotas de locations de tourisme par quartier et en exigeant des propriétaires qu’ils demandent une autorisation avant de louer leur logement. À Barcelone, en 2024, environ 3 000 habitants, membres d’associations de résidents, sont descendus dans les rues pour manifester contre les effets du surtourisme, allant jusqu’à asperger d’eau des visiteurs croisés en chemin. La mairie a annoncé vouloir interdire les locations meublées touristiques d’ici à 2028 mais se heurte à l’opposition des propriétaires.

Pour le moment, dans les deux villes, le surtourisme a un impact certain sur les prix de l’immobilier, même s‘il n’est pas le seul responsable. Le prix du m² a quasiment doublé en 10 ans à Barcelone, entre 2014 et 2023 et Nice est la seule ville de France dans laquelle les tarifs n’ont pas baissé en 2024, avec un effet significatif sur la difficulté des habitants à se loger, ce qui freine le développement économique de la région.

Deux villes, un même défi face au réchauffement climatique

La capitale catalane a toujours été marquée par son volontarisme et son innovation urbanistiques. Dès le XIXe siècle, la ville s’est construite et développée selon un plan quadrillé, le Plan Cerdà, du nom de l’urbaniste Ildefons Cerdà qui a imaginé cette nouvelle structure, régulière, pour améliorer la qualité de vie des habitants et faciliter la mobilité. Aujourd’hui, la ville développe de “super-îlots”, une adaptation contemporaine du plan initial, et qui regroupent plusieurs îlots Cerdà. Au sein de ces zones, la circulation est presque totalement piétonne et les espaces sont végétalisés, pour améliorer la qualité de l’air et lutter contre le réchauffement.

La ville de Barcelone est beaucoup plus avancée que Nice dans sa lutte contre le changement climatique car elle peut déjà en constater les effets. Les super-îlots sont une opportunité pour repenser l’espace public,” explique Eliesh Sahyoun, architecte et futurologue à l’IMREDD[1] (Institut méditerranéen du risque de l’environnement et du développement durable au sein de l’Université Côte d’Azur), au sein de la chaire UX for smart life.

Nice mène des initiatives de végétalisation depuis 2021, à travers la plantation d’arbres au coeur de la ville, et a mis en place un Plan climat air énergie territorial (PCAET), qui court jusqu’en 2025 et a vocation à réduire la place de la voiture thermique et à renforcer l’efficacité énergétique des bâtiments notamment.

L’eau, au cœur des enjeux de demain

Les deux villes sont tournées vers la mer. À Nice, le développement urbain a suivi de façon organique le trait de côte, alors qu’à Barcelone, les Jeux olympiques de 1992 ont rendu la mer à ses habitants, en réhabilitant ou créant 5 kilomètres de plage et en créant une vaste zone de loisirs, celle du port olympique. Pourtant, pour Eliesh Sahyoun, “le défi le plus pressant que les deux agglomérations auront à relever dans les années qui viennent est celui du manque d’eau”. Elles sont déjà touchées régulièrement par des phénomènes de sécheresse. Barcelone dispose d’une des plus grandes usines de dessalement et a annoncé la construction d’une station flottante, mais les deux villes devront trouver à l’avenir des moyens pour lutter contre cette pénurie.


Clichés !

« Nice est une ville de retraités aisés »

C’est vrai, la population de Nice est plus âgée que la moyenne des villes françaises. À Nice, en 2021, 29,5 % de la population était âgée de 65 ans ou plus alors que la moyenne française est de 20,5 %. Mais Nice est aussi une ville universitaire de premier plan, avec 48 000 étudiants en 2024, un chiffre qui a plus que doublé par rapport à 2008, où ils n’étaient que 25 000. La proximité du technopôle de Sophia-Antipolis et la présence de nombreuses entreprises innovantes renforce encore l’attractivité de Nice.

« Barcelone est une ville internationale qui a perdu son identité »

Si Barcelone est un pôle touristique mondial de premier plan et qu’une partie de ses résidents sont entrés en résistance contre cet afflux incessant, la ville a conservé une forte identité catalane. Le catalan est la langue co-officielle de la ville avec l’Espagnol, toute la signalisation est écrite dans les deux langues. De nombreuses célébrations catalanes ponctuent le calendrier culturel, comme la Diada, fête nationale catalane ou les Castells (tours humaines classées au patrimoine mondial de l’UNESCO). L’identité régionale y est fortement revendiquée par ses habitants, Barcelone étant un centre du mouvement nationaliste. Il n’est pas rare d’observer des drapeaux catalans aux balcons.