« Le paysage urbain est, par essence, notre salon commun, un espace où les communautés se rassemblent »

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La rénovation urbaine de Berlin a une nouvelle pièce maîtresse. Avec l'introduction de "Vert", un immeuble de bureaux ultramoderne de 14 700 m², Covivio a réuni durabilité, fonctionnalité et modernité. Pour donner vie à ce bâtiment, Covivio s'est associé à Patzschke & Partner Architects, ambassadeurs renommés du nouveau mouvement classique-traditionnel. Notre invité spécial n'est autre que Robert Patzschke, partenaire du nom, qui partage ici ses réflexions sur la création de Vert et de sa vision de l'architecture.

Qu’est-ce qui a inspiré la conception de Vert et quels ont été les principaux défis à relever ?

Robert Patzschke : La beauté de l’architecture réside dans l’assemblage de toutes les pièces – emplacement, vision du client, besoins fonctionnels, contraintes et notre propre philosophie de conception – en un tout cohérent. Pour Vert, nous avons travaillé dans une zone riche en patrimoine industriel, un emplacement de choix à l’intérieur de la Circle Line de Berlin, qui est aussi un carrefour dynamique offrant plusieurs options de mobilités. Covivio a imaginé un espace de bureaux lumineux, flexible et de grande qualité, et nous avons traduit cette vision en une architecture qui s’intègre parfaitement à son environnement. 

Comme toujours, notre processus de conception a commencé par des croquis à la main. Nous nous sommes inspirés des diverses influences du quartier : éléments industriels du début du XXème siècle, esthétique des années 1980, bâtiments scolaires déconstructivistes, élégantes structures résidentielles des années 1890 et centre de transport ultramoderne. Le défi consistait à intégrer ces éléments tout en répondant aux exigences précises de Covivio : des objectifs ambitieux en matière de développement durable, un budget fixe et, au départ, aucun locataire confirmé – ce qui signifie que nous devions rester adaptables tout au long du processus. Atteindre cet équilibre a nécessité une étroite collaboration, un échange itératif et dynamique qui a été à la fois exigeant et gratifiant. 

Quelles solutions de conception avez-vous mises en œuvre pour atteindre ces objectifs ? 

Robert Patzschke : Certaines solutions étaient d’ordre technique : nous avons choisi des matériaux à faible empreinte carbone, intégré des systèmes géothermiques, des panneaux solaires et des plafonds activés pour un chauffage et un refroidissement efficaces sur le plan énergétique. D’autres sont d’ordre spatial : nous avons conçu un système de grille régulière pour accueillir aussi bien de petits bureaux privés que de vastes espaces ouverts. De grandes cours intérieures apportent la lumière naturelle dans le bâtiment tout en servant d’espaces sociaux et de réunion. Les foyers d’entrée sont modulaires, ce qui permet de les adapter. La connectivité était également une priorité : l’intégration directe avec les transports en commun, les pistes cyclables, les stations de recharge de batteries et les vestiaires encouragent la mobilité durable. La conception générale reflète les principes classiques d’ordre et de proportion tout en offrant un espace de travail contemporain et bien éclairé. 

Votre cabinet d’architecture est depuis longtemps connu pour sa fusion d’éléments classiques et modernes. Comment décririez-vous votre approche de l’architecture et comment a-t-elle évolué ? 

Robert Patzschke : Notre entreprise, fondée il y a 55 ans par mon grand-père et mon oncle, a été le témoin de nombreuses tendances architecturales. Malgré tout, notre principe directeur est resté le même : répondre à ce que les gens attendent vraiment de leur environnement urbain. Au milieu des années 1990, nous avons été chargés de travailler sur l‘hôtel Adlon Kempinski, qui est devenu le premier bâtiment classique contemporain en Allemagne. Depuis, nous avons intégré ces principes dans des projets résidentiels, de bureaux et d’hôtellerie

Pour nous, le classicisme est synonyme de retour à une architecture à échelle humaine. Il s’agit de diviser les espaces en unités plus petites et plus digestes, d’ajouter de la granularité à de vastes espaces pour qu’ils soient plus intuitifs et plus accueillants. Ces éléments de conception ont été affinés au cours de milliers d’années, ce qui les rend intemporels et très adaptables. Malheureusement, l’architecture d’après-guerre s’est orientée vers un modèle dominé par les gratte-ciel, négligeant souvent l’expérience humaine au niveau de la rue. Pourtant, le paysage urbain est, par essence, notre salon commun, un espace où les communautés se rassemblent. Notre objectif est de réintroduire la beauté et le bonheur grâce à une conception réfléchie et centrée sur l’homme. 

Quel rôle l’architecture devrait-elle jouer pour relever les défis mondiaux d’aujourd’hui ?

Robert Patzschke : Un architecte est comme un réalisateur de film ou un chef d’orchestre qui réunit des compétences diverses dans le but d’obtenir le meilleur résultat possible. Cette fonction s’accompagne d’une importante responsabilité sociétale. Les bâtiments doivent être conçus pour durer, en alliant fonctionnalité et durabilité. Un partenaire comme Covivio, avec sa stratégie d’investissement à long terme, est idéal car il donne la priorité à la durabilité plutôt qu’aux tendances à court terme. 

L’intemporalité est la clé. Étant donné que l’empreinte environnementale la plus importante d’un bâtiment provient de sa construction, l’approche la plus durable consiste à créer des structures qui restent pertinentes pour les générations à venir. Une bonne architecture est une fusion de fonctionnalité, de durabilité, d’esthétique, de responsabilité, d’adaptabilité et de longévité. Il ne s’agit pas seulement de concevoir pour aujourd’hui, mais de façonner un avenir qui reste à la fois pratique et inspirant. Et ce n’est pas une mince affaire !