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Maxime Blondeau : C’est une discipline très ancienne. On trouvait, dans l’Antiquité, des cosmographes dans la bibliothèque d’Alexandrie, comme Claude Ptolémée au IIe siècle après Jésus-Christ. Ils s’attachaient à comprendre le monde qui les entourait et la façon dont le territoire était organisé.
La cosmographie se définit comme une « géographie augmentée » : elle intègre les représentations du monde et les croyances. Elle pourrait être résumée par une question : comment percevons-nous le monde, donc qu’est-ce qu’on voit et qu’est-ce qu’on ne voit pas lorsqu’on observe le territoire autour de nous ? Il me paraît important de remettre en avant cette discipline car, aujourd’hui, nos représentations graphiques du monde sont transformées, à travers des images, des vidéos, des données, ce qui, dans le même temps, fait évoluer nos croyances.
Maxime Blondeau : La cosmographie, portée par une pensée intégrale, consiste en un exercice de synthèse. Elle invite ainsi à considérer un territoire en prenant garde de ne pas occulter trois dimensions fondamentales : la biosphère (le vivant), la géosphère (la géographie, la géologie) et la technosphère (notre regard sur les technologies, les choix que nous faisons pour les déployer, leur impact sur nous).
Maxime Blondeau : Cela revient à se pencher sur l’origine des dérèglements écologiques. En règle générale, un dirigeant d’entreprise ou un responsable politique ne prend pas une décision avec la volonté délibérée de « détruire le monde ». En revanche, lorsque des orientations sont actées, certaines des dimensions que nous venons d’évoquer ne sont pas prises en compte.
Lorsqu’un dossier concerne par exemple les sols, il pourra, en certains cas, être traité sous l’angle géologique ou celui de l’occupation des sols, mais sans se pencher sur la question des microorganismes, de la faune ou encore des circulations d’eau souterraine. Autre possibilité : les questions liées à la biosphère pourront être intégrées à la réflexion mais pas celles relatives à l’urbanisme, aux PLU (Plans locaux d’urbanisme) ou encore au développement des technologies.
Tout l’enjeu consiste donc, avec la cosmographie, à réunir les trois dimensions dans les processus de décision et, ainsi, à ne faire l’impasse sur aucune d’entre elles.
Maxime Blondeau : Le tourisme joue un rôle important dans la perception que nous avons d’un territoire. On propose aux visiteurs de le « regarder » d’une certaine manière. La façon dont le tourisme est pensé et construit traduit donc la vision que l’on souhaite développer du territoire. Par conséquent, l’évolution de notre relation au territoire implique d’agir sur le tourisme qui, aujourd’hui, cause bien des torts. Il faut le repenser, et faire en sorte que les flux de visiteurs apportent des choses positives au territoire, qu’ils participent à sa régénération.
Cette question de la réinvention du tourisme est aujourd’hui un objet de réflexion dans différentes régions. C’est le cas par exemple en Bretagne où des expérimentations sont menées en ce sens, notamment autour de l’aménagement du territoire, des identités culturelles ou de la sauvegarde d’arts et d’artisanats.
Philippe Boyer, directeur de l’innovation et des relations institutionnelles de Covivio, a reçu Maxime Blondeau dans son émission « Complètement à l’Ouest », pour présenter « Géoconscience / Un nouveau regard sur le territoire », son premier livre récemment paru aux éditions Allary.