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Sophie Gautier : On constate tout d’abord que la règlementation environnementale tend à se renforcer au niveau européen, ainsi qu’en France. De nombreuses exigences s’imposent aux hôtels parmi lesquelles des obligations d’audits énergétiques, un décret tertiaire qui implique une réduction des consommations.
Jean-Baptiste Raphanaud : Certaines de ces réglementations sont affinées au fil des années pour gagner en efficacité. Elles permettent aujourd’hui d’envisager la mise en place de stratégies de décarbonation sur le long terme. C’est le cas de la directive européenne sur la performance énergétique des bâtiments (EPBD) et de sa traduction dans le droit français. Afin d’évaluer les bâtiments, elle impose désormais que l’on mesure leurs performances réelles, et non leurs performances théoriques comme c’était le cas voici encore quelques années.
Sophie Gautier : Au-delà de l’aspect réglementaire, le secteur hôtelier est également incité à s’engager par un large spectre d’acteurs. Les investisseurs et les milieux bancaires souhaitent de plus en plus que les actifs soient décarbonés. Les clients finaux poussent également en ce sens.
Sophie Gautier : C’est l’une des équations que le secteur hôtelier s’attache à résoudre, en réconciliant sobriété et confort. Certains clients souhaitent par exemple que leur chambre puisse être climatisée à une température relativement basse. Ce qui ne signifie pas nécessairement qu’elle soit à cette température 24 heures sur 24. Il nous faut donc mettre en place des systèmes intelligents qui permettent tout à la fois de satisfaire le client et d’atteindre nos objectifs de maîtrise énergétique.
Jean-Baptiste Raphanaud : Le secteur de l’hôtellerie porte dans son ADN un niveau d’exigence assez élevé, un hôtel est évalué chaque jour par chacun de ses clients. Il faut ajouter à cela une capacité à gérer les biens immobiliers dans la durée, sans attendre les grandes rénovations. Cette culture opérationnelle peut aisément être mise au service de la transition énergétique et environnementale que le secteur doit mener.
La notion de sobriété est par ailleurs relativement bien intégrée en France. C’est un fait culturel que l’on perçoit dans les pratiques quotidiennes des équipes hôtelières et que nous nous efforçons de partager avec l’ensemble de nos partenaires en Europe.
Sophie Gautier : Nous devons relever un défi majeur : il nous faut mener cette décarbonation de manière massive, sur un grand nombre d’actifs. Cela implique une planification qui, outre une dynamique d’efforts continus au sein des hôtels, doit prévoir des « paliers » comme l’installation d’une pompe à chaleur ou la rénovation globale du bâtiment.
Ces efforts permettront d’atteindre d’ici 2030 les objectifs fixés par Covivio pour ses hôtels en Europe, à savoir une diminution de 70 % des émissions de CO2 (en intensité carbone par m²) par rapport à 2010.
L’exigence est aussi de maîtriser techniquement les solutions déployées, pour ne pas affecter la qualité de nos actifs. Nous menons des essais avant de décider d’un déploiement à plus grande échelle de chaque solution. Au sein de l’hôtel Meininger de la Porte de Vincennes, à Paris, nous avons par exemple expérimenté un système qui permet d’utiliser la chaleur des eaux usées des douches pour préchauffer l’eau sanitaire. Cela permet de réduire la consommation de gaz qui n’est plus utilisé qu’en appoint, pour amener l’eau à température.
Jean-Baptiste Raphanaud : Sortie des énergies fossiles, efficacité énergétique et sobriété constituent le triptyque de notre stratégie de décarbonation, dans l’ordre. La mise en œuvre des pompes à chaleur pour la production d’eau chaude sanitaire et pour le chauffage est le levier le plus important. C’est en revanche un marché encore naissant, nous travaillons pour diversifier les solutions techniques et maîtriser les coûts de déploiement. L’intelligence du bâtiment est également un levier stratégique qui peut représenter 15% d’économie d’énergie, en particulier en améliorant la gestion de la ventilation dans les salles de réunion et les restaurants.
Enfin, l’implication des équipes hôtelières sera essentielle. Notre stratégie vise à renforcer la qualité de l’information dont elles disposent et leur implication. C’est la clef pour parvenir à une gestion sobre et efficace des hôtels, tout en renforçant l’expérience client.
L’après 2030 constituera une nouvelle étape sur cette question de la décarbonation. Avec un enjeu : comment être en phase avec les objectifs du référentiel CRREM (Carbon risk real estate monitor) ? Cet outil financé par l’Union européenne définit une trajectoire de réduction des émissions de gaz à effet de serre jusqu’en 2050. Au-delà de 2035, les objectifs de décarbonation ne pourront être tenus qu’avec l’arrivée sur le marché d’une nouvelle génération de solutions industrielles (pompes à chaleur, isolants, vitrages, système d’intelligence des bâtiments…).
Sophie Gautier : Au-delà de leur exploitation, les hôtels doivent aussi repenser la manière dont ils se transforment. La logique d’économie circulaire et de maintenance des ouvrages existants doit primer. C’est très concret : comment assurer une durée de vie plus importante aux chambres ? Comment mettre en place des design émettant moins de CO2 tout en apportant une meilleure expérience au client ?
Sophie Gautier : La question de la décarbonation a été intégrée ces dernières années chez Covivio au cœur même du métier d’asset manager. Elle fait aujourd’hui partie des éléments incontournables pris en compte lorsque nous nous penchons sur la rénovation de nos hôtels. C’est un sujet stratégique qui ne concerne plus seulement des spécialistes des questions environnementales. Des formations ont d’ailleurs eu lieu parmi nos équipes afin que chaque asset manager puisse prendre en main cette thématique et travailler à faire bouger les lignes.